Prosper et ses enfants
Avril 2011. Sur les escaliers que nous empruntons pour revenir à la voiture, nous sommes attirées par 3 bambins dont le plus jeune doit avoir guère plus d'un an. Une femme proche nous dit qu'ils sont orphelins de mère et qu'ils attendent le retour du père pour avoir quelque chose à manger. Eugénie demande à voir où ils dorment : une maison de 5 m2 plus que modeste. A l’intérieur, Il n'y a rien à manger. On décide de partir faire des provisions diverses : sucre, sel, riz, huile, bougies, allumettes, saucisses, sardines, pain, biscuits, pommes et l'on revient donner tout cela à la plus grande qui, à 10 ans, saura préparer ce qu’il faut. Immédiatement, Eugénie fait des sandwichs avec le pain et les sardines et distribue à chaque enfant, y compris le tout petit, sevré depuis que sa mère a disparu. Le père arrive et remercie largement.
Très vite nous prenons la décision de les parrainer. Le père est d’accord pour scolariser sa fille à condition qu’une solution soit apportée à la garde du tout petit. Un accord est trouvé avec l’école et l’aînée commence sa scolarisation dès la rentrée amenant avec elle son jeune frère qu’elle laisse en classe maternelle où la directrice l’a accepté.
Mars 2012. Lors de la visite mensuelle, nous retrouvons Malala (Noéline) très décontractée. La pièce où ils habitent est un vrai capharnaüm, le cyclone a fragilisé le toit encore plus. Nous leur demandons de procéder à un tri et un rangement en contre partie desquels nous referons le toit. Il y a aussi la sœur de Prosper qui (momentanément) est venue habiter avec sa famille. Onze personnes habitent dans ces 9 m2... !!
Juin 2012. Le toit refait, Prosper a utilisé les restes de brique et de planches pour "agrandir" la maison et sa fille a mis de l'ordre à l'intérieur.
Octobre 2012. Ce dimanche nous rendons visite à la famille de Prosper. Au quartier, nous ne trouvons que Malala et Sarobidy. Il est heureux de recevoir les petites voitures envoyées par les petits-enfants d'Antoinette, et Malala nous montre son cahier avec fierté. Il est vrai que la maison a un peu changé, une caisse pour les vêtements propres, une nouvelle fenêtre qui éclaire l'intérieur et bien sûr le toit refait. Il y a pourtant une énorme pile de vêtements sales entassés sur le sol en terre battue. La petite Malala doit effectivement avoir des difficultés à en voir le bout et nous pensons à lui fournir une aide en la personne de Jeanine, la tante de Solofo, voisine, et dont le travail est de faire des lessives. C'est finalement la grand-mère qui se résoud à le faire.
Le 10 novembre, Ils sont venus au rendez-vous d'Ambohijatovo et ont été heureux de participer à l'enregistrement de la radio. Une connaissance d'Eugénie a trouvé un emploi pour Prosper, il fait les démarches et est très heureux.
Le 12 novembre, en visite dans le quartier, je rencontre Prosper avec Adrianina en train de suivre les travaux de peinture intérieure et extérieure de la maison que nous avons commandés. Le 17, ils seront tous présents pour le bilan de santé et acquérir leur carte d'adhérent.
Décembre 2013. Eugénie a trouvé une solution pour Malala qui sera scolarisée en internat dès janvier prochain.
Janvier 2014. Comme chaque fois, Eugénie accompagne Malala à sa première rentrée. Celle-ci, alors que c'est à partir de sa demande insistante que nous avons envisagé ce placement, se retrouve en larmes au moment de la séparation. Il est clair que ses conditions de vie n'auront rien à voir avec ce qu'elle vivait dans le quartier où elle habitait et qu'elle puisse voir cela comme une privation de liberté. Nous ne désespérons pas de la voir changer d'attitude quand elle découvrira l'enseignement qu'elle va recevoir.
Mai 2015
Eugénie apprend par hasard que Malala a de nouveau fugué et qu'elle est revenue chez elle sans que le père l'en tienne informée. Il semble que Malala ait des difficultés à vivre l'internat. Nous cherchons pour elle si une formation pourrait lui être proposée en coiffure, ce qui semble l'intéresser.
Octobre 2015
Finalement, Malala a choisi une formation en cuisine/restauration. Elle a commencé ce 20 octobre pour une durée de 3 mois.
Février 2016
En visite au centre SOS Villages, nous arrivons pour recevoir Maria dans les bras qui accourt vers nous. Puis Marina, Sarobidy nous entourent, tojo reste à l’écart, timide. Ils étaient en train de jouer au ballon en présence d’un éducateur. Ils respirent la santé et le bien être. Des friandises distribués à tous, des vêtements qu’ils choisissent, des moments de joie partagée, nous rassurent sur leur vie ici.
Nous nous rendons ensuite à la maison où habite son père et Malala. On le trouve en pleine partie de cartes, la maison est pleine, la grand-mère est là et je ne peux m’empêcher de le sensibiliser sur le fait que nous ne voulons pas que la subvention que l’on continue à donner pour l’amélioration de la maison et faciliter le retour des enfants pendant les vacances, parte en paris et jeux d’argent. Il nous explique qu’en saison des pluies, les travaux de maçonnerie sont arrêtés, il fait des petits boulots en attendant.
Malala, de son côté, souhaite bien poursuivre son apprentissage en cuisine pour lequel nous proposons deux mois supplémentaires car son retard scolaire ne lui permet pas d'être au niveau. Elle y va régulièrement le lundi, jeudi, vendredi.
Septembre 2016
Malala a réussi son examen et cherche maintenant un stage pour parfaire sa formation.
Février 2017
Malala en stage au « Niaouly » fait une fausse couche.
Octobre 2017
Nous rencontrons Malala à la maison de son père alors qu’on croyait qu’elle vivait chez sa grand-mère depuis sa fausse couche. Elle ne fait rien, se repose de sa fausse couche, 8 mois après. Elle n’a pas l’intention de reprendre le stage au Niaouly, ça va bien comme ça pour elle. Devant son laxisme, étant donné que les quatre enfants sont en sécurité à SOS Village,nous décidons de suspendre la subvention lui laissant la porte ouverte pour revenir sur sa décision. Il nous est impossible de soutenir l’assistanat quand quelqu’un ayant bénéficié de cours refuse d’aller travailler. Prosper est gardien d’un point d’eau. Brigitte passant régulièrement dans le quartier est aux aguêts d'une demande éventuelle de Malala.
Malala a encore fait une fausse couche, elle est trop faible mal nourrie mais ne change pas d'avis.
Tanjona
Tanjona a actuellement 20 ans. -Il est retourné chez sa famille en 2022 après quelques difficultés d’adaptation à vivre au village. Ayant arrêté l’école en classe de 5 ème, il vit actuellement avec son père et travaille comme agent de sécurité. Les documents de sa main levée ont été conclus depuis mais les éducateurs gardent toujours un œil sur lui pour l’orienter dans sa vie. Tanjona reste en contact avec ses frères et sœurs dans le village.
Marina (classe de troisième)
Marina est âgée de 18 ans vient de passer son examen de BEPC. Elle excelle dans les matières littéraires et avoue avoir quelques difficultés dans les matières scientifiques. Elle prend plaisir à faire ses révisions à la maison et des travaux individuels avec sa tante et les éducateurs . Elle est membre du parlement d’enfants où elle exprime librement ses opinions. Marina est maintenant une jeune demoiselle, consciente et mature. Elle a de grands objectifs dans la vie et comprend qu’il faut travailler dur pour les atteindre. Elle a un groupe d’amies soudées avec qui elle partage son quotidien. Marina a une bonne confiance en elle : elle a décidé que les études seraient ses priorités tout en participant activement aux autres activités du village.
Maria (classe de quatrième)
Maria a maintenant 15ans. Comme sa grande sœur, elle préfère les matières littéraires et les leçons de biologie. Elle ne s’avoue pas vaincue pour les mathématiques et prend des cours particuliers avec les éducateurs. Maria aime regarder les séries télévisées avec sa maman SOS et sa sœur. Elle aime prendre soin d’elle. Elle participe activement aux tâches ménagères qu’elle sait jongler avec ses activités extra curriculum. Maria fait partie des meilleures élèves de sa classe.
Sarobidy (classe de sixième)
Sarobidy a 12 ans. Il est responsable, gentil et généreux, ils aime aider les autres. Il est comme le bras droit de sa maman SOS. Sarobidy est l’ami de tout le monde. Il n’a aucune difficulté à s’affirmer. C’est un leader né, il est toujours celui qui invite ses amis à différents jeux. Sarobidy a eu de bons résultats à l’école cette année. Sarobidy avoue qu’il doit se concentrer plus à l’école et à réviser à la maison pour avoir les bonnes notes.